Les pays francophones prennent activement part à l’élaboration de la norme volontaire ISO 53800, prévue pour avril 2024 sur la base d’un premier document français. Témoignages en Afrique.

Si elle n’est toujours pas une réalité accomplie, l’égalité entre les femmes et les hommes est devenue un objectif largement partagé. Poussés par les ONG, de nombreux Etats, institutions et entreprises ont su trouver les outils permettant d’y tendre, aussi bien du côté de la réglementation que du côté des incitations. C’est à cette seconde catégorie qu’appartient l’AFNOR Spec X30-020, un guide de bonnes pratiques publié en France en 2021 pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les organisations.

Dans ce même état d’esprit mobilisateur, et non pas coercitif, AFNOR anime, au nom de la France, le comité de normalisation ISO sur l’égalité femmes-hommes, qui doit aboutir, en avril 2024, à la norme ISO 53800. Au sein des contributeurs figurent naturellement différentes parties prenantes issues d’institutions de pays francophones, notamment africains. Parmi elles, Nelly Salama, cheffe de service au département normalisation de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), et Florence Uwatwembi, spécialiste de l’intégration de la dimension de genre au Rwanda Standard Broad (RSB). Les thématiques de l’accès à l’éducation et à la santé, de prévention des violences de genre, de lutte contre les discriminations sont naturellement étudiées. Mais c’est peut-être sur l’autonomisation économique des femmes et leur participation à la vie publique et des affaires que nos interlocutrices insistent le plus.

 

De l’importance de l’autonomisation économique des femmes

« Les femmes contribuent à l’économie du pays, à son développement. Elles représentent une part substantielle de la main d’œuvre. Il est donc tout à fait légitime qu’elles puissent, au même titre que les hommes, monter une entreprise, trouver un crédit, se faire accompagner, mais aussi influer sur les décisions collectives, notamment en accédant aux postes à responsabilité, que ce soit dans les institutions publiques ou privées » explique ainsi Florence Uwatwembi, au Rwanda.

« Cette évolution passe par la possibilité pour les femmes de sortir de l’économie informelle, afin de profiter pleinement des fruits de leur travail », enchérit Nelly Salama, ajoutant que « l’école doit être mobilisée afin d’encourager l’accession des jeunes filles à tous les métiers, à toutes les formations, en dépassant les habitudes et les préjugés. »

Car, selon ces deux femmes, la volonté politique est nécessaire mais ne suffit pas. « Bien des freins sont d’abord culturels », souligne Nelly Salama. « Les femmes elles-mêmes intériorisent encore trop souvent les préjugés de genre, précise Florence Uwatwembi. D’où l’intérêt de produire une norme incitative, qui décline les grands principes en pratiques quotidiennes, et qui mise sur la synergie de l’ensemble des acteurs. » Nelly Salama et Florence Uwatwembi font également remarquer que « cet enjeu d’autonomisation économique est bon pour les femmes, mais aussi pour la société dans son ensemble, en ce sens que la participation des femmes à tous les domaines d’activité est une source de développement et de richesse collective ». Autant de convictions qui rendent précieuse leur contribution active à l’ISO 53800.

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